Déshériter ses enfants : dans quels pays est-ce possible ?

En France, le droit civil protège strictement les héritiers réservataires, rendant pratiquement impossible de déshériter ses enfants. La situation varie considérablement d’un pays à l’autre. Par exemple, aux États-Unis, les lois successorales permettent une plus grande flexibilité, autorisant les parents à déshériter leurs enfants sous certaines conditions.

En revanche, en Allemagne, la loi impose aussi des restrictions similaires à celles de la France, garantissant une part minimale de l’héritage aux descendants. D’autres pays, comme le Royaume-Uni, offrent une liberté testamentaire presque totale, permettant aux testateurs de disposer de leurs biens selon leur volonté.

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Le cadre juridique de la déshérence dans différents pays

La question de déshériter ses enfants varie selon les juridictions. En France, le Code Civil impose la réserve héréditaire, garantissant aux descendants une part minimale de l’héritage. Cette notion, ancrée dans les principes du droit français, limite la liberté testamentaire des parents.

Dans les pays anglo-saxons, comme les États-Unis ou le Royaume-Uni, les règles diffèrent. Nathalie Thevenet-Grospiron explique que la Common Law permet une grande liberté testamentaire. Par conséquent, il est plus facile pour les parents de déshériter leurs enfants.

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Règlement européen n°650/2012

Le Règlement européen n°650/2012 stipule que la loi applicable à la succession est celle du pays de résidence habituelle du défunt. Ce règlement vise à harmoniser les règles successorales au sein de l’Union européenne, facilitant ainsi les successions internationales.

  • En Allemagne, la loi impose des restrictions similaires à celles de la France, protégeant les héritiers réservataires.
  • En Espagne, la législation varie d’une région à l’autre. Par exemple, dans le Pays basque espagnol, les règles peuvent être plus souples.
  • Au Portugal, un résident habituel peut choisir la loi de son pays de nationalité pour régir sa succession, sous certaines conditions.

La situation de Johnny Hallyday illustre parfaitement cette complexité. Résidant à Los Angeles, il a rédigé un testament léguant son patrimoine à Laeticia Hallyday, excluant ainsi Laura Smet et David Hallyday. Ce cas a suscité un débat sur la compatibilité des principes de droit international et les règles françaises de réserve héréditaire.

Le cadre juridique de la déshérence révèle des disparités significatives selon les pays. Pour les personnes ayant des biens dans plusieurs juridictions, une planification successorale minutieuse s’avère nécessaire.

Les pays où la déshérence est possible

Dans certains pays, il est possible de déshériter ses enfants sans contrevenir à la loi. En Californie, par exemple, la législation locale, influencée par la Common Law, octroie une grande liberté testamentaire. Johnny Hallyday, résidant à Los Angeles, a pu léguer l’intégralité de son patrimoine à Laeticia Hallyday en excluant ses enfants, Laura Smet et David Hallyday.

En Angleterre et au Pays de Galles, la situation est similaire. La loi permet aux parents de disposer librement de leurs biens par testament, sans obligation de respecter une réserve héréditaire. Cette flexibilité rend possible la déshérence totale des descendants.

  • Israël adopte une approche permissive, où les testateurs jouissent d’une grande liberté pour exclure leurs enfants de la succession.
  • Au Portugal, même si la loi prévoit une réserve héréditaire, les résidents peuvent choisir d’appliquer la loi de leur nationalité. M. X, en s’installant au Portugal, a tenté de déshériter ses filles sous cette disposition.

En revanche, certains pays présentent des spécificités régionales. En Espagne, les règles varient selon les communautés autonomes. Dans le Pays basque espagnol, la législation locale peut offrir des options plus flexibles pour déshériter les enfants, bien que cette pratique reste moins courante.

La compréhension de ces différences législatives est fondamentale pour toute planification successorale. Pour les familles avec des membres ou des biens dans plusieurs juridictions, une expertise juridique solide est nécessaire pour naviguer ces complexités et éviter des conflits potentiels.

Les exceptions et limites à la déshérence

La réserve héréditaire constitue une limite majeure à la déshérence dans plusieurs pays. En France, le Code Civil impose une part minimale du patrimoine à attribuer aux héritiers réservataires. La quotité disponible représente la portion du patrimoine dont le défunt peut disposer librement par testament.

Les contrats d’assurance-vie

Les contrats d’assurance-vie permettent de contourner la réserve héréditaire. Sarah Saldmann explique que ces contrats, non soumis aux règles de la réserve, offrent une solution pour transférer des biens à des bénéficiaires désignés. Le viager permet aussi de transférer la propriété d’un bien avant le décès, échappant ainsi à la succession.

Exceptions internationales

Dans le cadre des successions internationales, le règlement européen n°650/2012 stipule que la loi applicable est celle du pays de résidence habituelle du défunt. Toutefois, cette loi peut être écartée si elle est jugée incompatible avec les principes de l’ordre public international du pays concerné. Nathalie Thevenet-Grospiron souligne que dans les pays anglo-saxons, la Common Law accorde une grande liberté testamentaire, alors que le droit français maintient des restrictions strictes.

Cas particuliers

  • En France, la loi protège les héritiers réservataires, limitant ainsi la possibilité de déshérence totale.
  • En Israël, malgré une grande liberté testamentaire, certaines limitations existent pour protéger les descendants.

La compréhension de ces exceptions et limites est fondamentale pour naviguer les complexités des successions internationales.

Conséquences et implications pour les héritiers

La déshérence peut susciter des conflits familiaux majeurs, comme l’illustrent les cas emblématiques de Johnny Hallyday. En rédigeant son testament à Los Angeles, le chanteur a légué l’intégralité de son patrimoine à Laeticia Hallyday, excluant ses enfants, Laura Smet et David Hallyday. Ce choix, permis par la Common Law californienne, a généré une bataille judiciaire intense en France où la réserve héréditaire protège les héritiers.

En France, les héritiers réservataires, souvent les enfants, disposent d’une part minimale de l’héritage, empêchant ainsi une déshérence totale. La situation de M. X, qui a tenté de déshériter ses filles en s’installant au Portugal, montre les complexités des successions internationales. Emmanuelle Labandibar-Lacan, son avocate, a mené une enquête pour déterminer sa résidence habituelle, un facteur fondamental selon le règlement européen n°650/2012.

Les implications pour les héritiers peuvent être dramatiques, notamment en cas de précarité. Les enfants exclus du testament peuvent se retrouver sans ressources, ce qui pose des questions éthiques et légales. Le droit français, en imposant des restrictions, vise à protéger les héritiers de telles situations. Des instruments comme les contrats d’assurance-vie et le viager permettent parfois de contourner ces protections.

Sarah Saldmann, avocate spécialisée, explique que ces mécanismes, bien que légaux, doivent être utilisés avec prudence. Les successions internationales, régies par des lois complexes et souvent contradictoires, nécessitent une compréhension approfondie des principes de l’ordre public international et des spécificités de chaque juridiction.

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