Un virement bancaire inattendu en provenance d’un notaire ne garantit pas l’absence de risque. Entre les notifications officielles, les pseudo-messages d’avocats et les lettres au contenu flou, les tentatives d’escroquerie redoublent lors du règlement des successions. La loi prévoit pourtant des garde-fous, mais la vigilance reste souvent la seule vraie protection.
Certaines pratiques déloyales, pourtant illégales, parviennent à détourner des héritages, profitant de méconnaissances ou de zones grises juridiques. Des professionnels comme les notaires et les avocats jouent un rôle déterminant pour sécuriser chaque étape du processus et limiter les abus.
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Argent inattendu : pourquoi les héritages attirent les fraudeurs
Recevoir une somme sur son compte, après le décès d’un parent ou d’un proche, provoque autant de doutes que de tentations. L’héritage et la succession impliquent des montants parfois considérables, capables de susciter la convoitise de personnes mal intentionnées. Les bénéficiaires découvrent que la surprise financière expose à des risques très concrets.
Qu’est-ce qui attire tant les escrocs dans ces transmissions de patrimoine ? D’abord, l’argent qui tombe sans prévenir, légué par un parent méconnu ou par un défunt à la généalogie embrouillée, crée une forme de fragilité psychologique. Beaucoup ignorent dans quel ordre s’appliquent les règles de la déclaration de succession. Cette incertitude ouvre la porte à toutes sortes de manœuvres.
Les fraudeurs exploitent plusieurs failles, parmi lesquelles on retrouve :
- La complexité des démarches administratives lors du décès
- Les délais entre le décès et la transmission des fonds
- La difficulté à vérifier l’identité réelle des interlocuteurs
Le flou autour du lien de parenté, cousin éloigné, oncle lointain, voire simple homonyme, devient le terrain de jeu favori des imposteurs. Certains se font passer pour notaire, d’autres inventent des “frais de dossier” pour libérer une prétendue somme. Les familles éclatées, recomposées, ou dispersées à l’étranger complexifient encore la situation.
Le défunt laisse derrière lui aussi bien des biens que des incertitudes. Les héritiers doivent donc avancer prudemment, s’appuyer sur des conseils solides, sous peine de voir l’argent inattendu disparaître au profit de faussaires bien rodés.
Comment reconnaître les principales arnaques liées à la succession
Les pièges qui gravitent autour de l’héritage gagnent chaque année en habileté, surfant sur la confusion qui accompagne le partage d’un patrimoine. Première ligne de défense : se méfier de tout appel ou message d’un faux notaire, parfois présenté comme fiscaliste, qui annoncerait qu’une somme vous attend, et réclamerait aussitôt des données personnelles, une date de naissance, un certificat de positions ou un RIB. Aucun professionnel sérieux ne demande de telles informations dans l’urgence.
Autre scénario classique : vous êtes contacté au sujet d’une assurance vie oubliée, dont vous seriez le bénéficiaire désigné. Les escrocs s’appuient sur l’existence avérée de comptes dormants, comme ceux recensés par la Ciclade, le site officiel de la Caisse des Dépôts. Là encore, ils cherchent à obtenir des renseignements confidentiels, sous prétexte de vérification. Ni la banque, ni le notaire, ni la Ciclade ne réclament jamais un paiement pour vous reverser une somme qui vous revient.
Même les héritages modestes déclenchent parfois des messages alarmants, évoquant un litige entre frères, sœurs, parents. Certains usurpateurs se font passer pour un membre de la famille ou un avocat, inventant un conflit de succession pour vous pousser à avancer de l’argent.
Pour repérer ce type d’arnaque, plusieurs signaux méritent d’être relevés :
- Présence de fautes de syntaxe ou d’orthographe
- Utilisation d’adresses e-mail suspectes, parfois proches mais inexactes
- Discours pressant, avec insistance sur l’urgence
La transmission d’un patrimoine, qu’il s’agisse d’un livret, d’une assurance vie ou d’un bien immobilier, ne supporte pas la précipitation. À la moindre demande inhabituelle, il vaut mieux contacter directement son notaire ou sa banque, en utilisant uniquement les coordonnées habituelles.
Quels sont vos droits et obligations pour sécuriser votre héritage ?
Un virement inattendu peut éveiller autant de soulagement que de doutes. À ce stade, trois choix s’offrent à vous : accepter purement et simplement l’héritage, accepter “sous bénéfice d’inventaire”, ou refuser. L’acceptation sous bénéfice d’inventaire préserve votre patrimoine personnel en limitant les dettes à la valeur de ce que vous recevez. Refuser, c’est laisser la place aux autres héritiers.
La déclaration de succession doit être déposée dans les six mois qui suivent le décès, auprès de l’administration fiscale. Ce document recense l’ensemble des biens transmis : comptes bancaires (livret A, LDDS, PEA, assurance vie, SCPI…), immobilier, œuvres d’art. La fiscalité dépend du lien de parenté et de la valeur reçue. Les enfants disposent d’un abattement de 100 000 euros. Les conjoints survivants ne paient rien.
Pour bien gérer cette période, gardez à l’esprit ces conseils pratiques :
- Respectez scrupuleusement les délais pour éviter toute pénalité.
- Conservez tous les justificatifs et relevés transmis.
- Informez-vous sur les avantages fiscaux liés aux donations faites du vivant du défunt.
La gestion de la succession, qu’il s’agisse d’assurance vie ou de plan d’épargne retraite, peut exiger l’aide d’un notaire. Certains contrats comportent une clause bénéficiaire : sa rédaction mérite d’être vérifiée. Les règles varient selon la situation matrimoniale du défunt (marié, pacsé, enfants de différentes unions). La loi protège la part des enfants, mais autorise une fraction du patrimoine à être transmise librement.
Le rôle clé des notaires et avocats pour une transmission sans risque
Toucher un héritage, même modeste, suppose de naviguer dans un univers juridique et fiscal balisé. Le notaire en est le chef d’orchestre : il rassemble les informations, identifie les héritiers légaux, fait l’inventaire des biens, vérifie l’existence de dettes. Son rôle : garantir que tout se déroule dans les règles et que chacun perçoit ce qui lui revient. Certains notaires fiscalistes ajoutent leur expertise pour optimiser et sécuriser la transmission.
En cas de litige familial, de contestation de testament, de soupçon de détournement ou de montage complexe, le recours à un avocat spécialisé en succession se révèle précieux. Il défend vos intérêts, analyse les pièces du dossier et cherche à trouver un terrain d’entente lorsque la situation se complique. À ses côtés, un conseiller en gestion de patrimoine éclaire vos décisions d’investissement ou de répartition des sommes reçues, en tenant compte de votre histoire et de vos objectifs.
Pour comprendre la plus-value de chaque professionnel, voici qui fait quoi :
- Le notaire contrôle l’ordre des héritiers et veille à l’application des règles civiles.
- L’avocat intervient à la moindre contestation ou si une part d’actif se situe à l’étranger.
- Le conseiller en gestion de patrimoine propose des stratégies pour la fiscalité et les placements à long terme.
Faire appel à un expert limite les erreurs, réduit le risque de redressement fiscal et assure une transmission sereine. Les familles recomposées, héritiers éloignés ou biens situés hors de France nécessitent une vigilance accrue. À chaque étape, demandez des explications limpides et des comptes rendus réguliers : la clarté protège des mauvaises surprises. Recevoir de l’argent inattendu, c’est parfois ouvrir une porte sur l’inattendu. Mais entouré des bonnes personnes, le passage s’effectue sans faux pas.